L’Évolution du PMP® : Comment une vision de 1968 a révolutionné la gestion de projet mondiale

Problématique centrale : Le 6 octobre 1984, 56 professionnels tentent le tout premier examen Project Management Professional (PMP). Seuls 43 réussissent¹. Quarante ans plus tard, cette certification détenue par plus d’un million de professionnels dans 217 pays² définit les standards mondiaux de la gestion de projet. Comment une vision née dans un restaurant de Philadelphie a-t-elle créé la profession la plus transversale du monde des affaires ?

Ce que vous découvrirez dans cet article :

  • Les trois moments décisifs qui ont façonné la certification PMP moderne
  • Pourquoi 86% des professionnels réclamaient une certification dès 1983³
  • Comment le taux d’échec de 40-50% au premier essai renforce paradoxalement la valeur du PMP⁴
  • Les leçons stratégiques pour les organisations face à l’évolution continue du standard

Le 29 janvier 1968, E.A. “Ned” Engman de McDonnell Douglas Automation rédige une lettre qui changera à jamais le paysage professionnel mondial. Adressée à cinq collègues, cette correspondance pose une question révolutionnaire : “Et si nous créions une organisation pour les gestionnaires de projet ?”

Cette interrogation apparemment simple masque une réalité complexe. Dans les industries aérospatiale, de construction et de défense des années 1960, les projets gagnent en sophistication technique, mais aucun standard professionnel unifié n’existe. Chaque organisation développe ses propres méthodologies, créant un patchwork de pratiques qui limite l’efficacité collective et entrave la reconnaissance professionnelle.

Cinquante-six ans plus tard, cette vision initiale a donné naissance à la certification PMP®, détenue par plus d’un million de professionnels dans 217 pays et territoires, transformant la gestion de projet d’un art improvisé en discipline scientifique reconnue.

L'impact transformationnel mondial

L’industrie des années 1960 fait face à une problématique inédite. Les projets Apollo, les infrastructures civiles massives et les programmes de défense atteignent des niveaux de complexité sans précédent. Pourtant, la gestion de ces initiatives repose sur l’improvisation et l’intuition plutôt que sur des méthodes éprouvées.

Cette absence de standardisation crée plusieurs dysfonctionnements critiques. Les équipes projets parlent des langages différents selon leurs organisations d’origine. Un “jalon” peut signifier dix choses différentes selon le contexte industriel. Les transferts de bonnes pratiques deviennent impossibles, chaque entreprise réinventant perpétuellement les mêmes solutions.

La formation des gestionnaires de projet reflète cette anarchie. Certains acquièrent leurs compétences par l’expérience pure, d’autres suivent des formations ad hoc développées en interne. Aucune certification ne valide leurs acquis, aucun référentiel ne structure leur progression professionnelle.

Cette situation pénalise particulièrement la mobilité professionnelle. Un gestionnaire formé chez Boeing ne peut facilement rejoindre General Electric, leurs méthodologies étant incompatibles. L’expertise reste cloisonnée, limitant les échanges et ralentissant l’innovation méthodologique.

L’absence d’un corps professionnel organisé empêche également toute représentation institutionnelle. La gestion de projet n’existe pas en tant que discipline académique reconnue, privant le secteur de recherche structurée et de développement théorique.

La certification PMP® transforme l’expertise individuelle en reconnaissance institutionnelle selon trois dimensions stratégiques. Les professionnels certifiés accèdent à un langage méthodologique universel, validé par les standards PMBOK reconnus par l’American National Standards Institute et adoptés par l’ISO en 2012.

L’évolution statistique témoigne de l’adoption massive : 6,199 membres en 1989, plus d’un million de certifiés en 2020. Cette progression géométrique démontre la pertinence continue face aux transformations industrielles.

La reconnaissance institutionnelle culmine en 2007 avec l’accréditation ANSI/ISO/IEC 17024, confirmant la rigueur méthodologique internationale. Aujourd’hui, le PMI sert plus de cinq millions de professionnels via 680,000 membres dans 217 pays, créant un écosystème professionnel véritablement global.

La naissance d'une profession (1968-1984)

L'anarchie méthodologique des années 1960

L’étincelle initiale : l’histoire du Three Threes restaurant

Début 1969, trois hommes dînent au Three Threes Restaurant, un établissement intime situé à quelques rues de l’hôtel de ville de Philadelphie⁵. James Snyder de SmithKline & French Laboratories et Gordon Davis du Georgia Institute of Technology prolongent des discussions entamées depuis plusieurs mois⁶. Une tempête empêche l’un d’eux de se rendre directement à l’aéroport après le travail⁷. Ce hasard météorologique transformera l’histoire de la gestion d’entreprise.

La conversation cristallise une frustration partagée : dans les industries aérospatiale, de construction et de défense, les projets gagnent en complexité technique, mais chaque organisation réinvente perpétuellement les mêmes solutions⁸. Aucun langage commun n’existe. Un “jalon” peut signifier dix choses différentes selon le contexte industriel. Les transferts de bonnes pratiques deviennent impossibles.

Les Fondateurs : Une légitimité multi-sectorielle

Le 9 octobre 1969, la première réunion formelle se tient au Georgia Institute of Technology à Atlanta⁹. Quatre-vingts personnes assistent au dîner inaugural¹⁰. Les articles d’incorporation sont déposés en Pennsylvanie, signés par cinq visionnaires¹¹ :

James R. Snyder – Le “Père du PMI”, il transforme littéralement sa table de cuisine en siège social pendant les premières années¹². Gestionnaire chez SmithKline & French Laboratories, il servira comme directeur exécutif bénévole, président et président du conseil.

Eric Jenett – Vice-président chez Brown & Root, il apporte la légitimité du secteur de la construction. Il deviendra le premier détenteur officiel de la certification PMP (certificat numéro 1)¹³, président du PMI en 1971 et chairman en 1972¹⁴.

J. Gordon Davis, PhD – Professeur au Georgia Institute of Technology, il assure la dimension académique cruciale et coordonne les premiers partenariats universitaires¹⁵. Il défie les membres de “faire reconnaître la gestion de projet comme une profession à part entière”¹⁶.

E.A. “Ned” Engman – Représentant national chez McDonnell Douglas Automation, il avait envoyé des lettres d’invitation dès 1968 pour créer cette organisation¹⁷. Le visionnaire initial qui a planté la graine.

Susan C. Gallagher – Gestionnaire de projet chez SmithKline & French Laboratories avec Snyder, elle participe activement à la structuration initiale et servira comme trésorière et vice-présidente des services techniques¹⁸.

Cette diversité sectorielle – pharmaceutique, construction, académique, aérospatiale – garantit dès l’origine la pertinence universelle du standard développé.

1975-1983 : La construction méthodique d’un standard

Les objectifs formalisés

En 1975, le PMI articule officiellement ses objectifs¹⁹ :

  • Promouvoir le professionnalisme en gestion de projet
  • Fournir un forum d’échange sur les problèmes et solutions
  • Coordonner les efforts de recherche industrielle et académique
  • Développer une terminologie et des techniques communes
  • Créer des interfaces entre utilisateurs et fournisseurs de systèmes
Le moment décisif : L’étude de 1983 

En 1981, sur suggestion de Matthew H. Parry, une équipe développe les standards d’éthique et d’accréditation²⁰. Mais c’est le rapport de décembre 1983 dans le Project Management Quarterly qui change tout : 86% des membres du PMI sondés favorisent un programme de certification²¹.

Ce consensus massif valide deux décennies d’efforts. Les professionnels ne veulent plus seulement échanger des pratiques – ils exigent une reconnaissance formelle de leur expertise. Le rapport détaillé de mars 1984 dans le Project Management Journal définit le processus de certification selon trois domaines : éducation, expérience et service²².

6 octobre 1984 : La naissance du PMP

Le premier examen : Un taux de réussite révélateur

Le 6 octobre 1984, au congrès PMI ’84 de Philadelphie, l’histoire bascule. Cinquante-six professionnels expérimentés se présentent au premier examen PMP²³. Quarante-trois réussissent, établissant un taux de réussite initial de 76,8%²⁴.

Ce taux élevé reflète deux réalités :

  1. La sélection rigoureuse des candidats initiaux – tous possédaient une expérience substantielle
  2. L’absence de matériel de préparation standardisé – seule l’expérience terrain comptait

Eric Jenett, co-fondateur du PMI, reçoit symboliquement le certificat numéro un²⁵, incarnant la continuité entre vision initiale et concrétisation pratique.

L’évolution du PMBOK : De 8 pages à 598 pages

Le Project Management Body of Knowledge (PMBOK) naît modestement :

  • 1987 : Première version avec huit sections de 6 pages chacune²⁶
  • 1996 : Première édition officielle du PMBOK Guide, 176 pages, 37 processus²⁷
  • 2000 : Deuxième édition, 211 pages, 39 processus²⁸
  • 2004 : Troisième édition, 290 pages, 44 processus²⁹
  • 2012 : Cinquième édition, 598 pages, 47 processus³⁰

Cette expansion documentaire reflète la sophistication croissante de la discipline et l’intégration de nouvelles méthodologies.

L'héritage contemporain : leçons stratégiques

L’histoire du PMP® offre des enseignements précieux pour les organisations contemporaines. La transformation d’une vision individuelle en standard mondial illustre comment l’innovation méthodologique crée des avantages concurrentiels durables.

La patience stratégique des fondateurs mérite attention : seize années séparent la lettre d’Engman du premier examen. Cette temporalité reflète la nécessité de construire un consensus professionnel solide avant de formaliser les standards.

L’investissement personnel des fondateurs dépasse l’engagement habituel. Snyder transforme sa maison en siège social, illustrant comment les innovations transformatrices exigent des sacrifices exceptionnels pour créer une légitimité collective.

La certification PMP® a résolu le défi fondamental de l’époque : comment transformer l’expertise tacite en reconnaissance explicite. Cette problématique reste d’actualité pour tout professionnel cherchant à formaliser son excellence opérationnelle selon des standards reconnus.

L'Évolution continue : défis contemporains

La certification continue d’évoluer face aux transformations contemporaines. L’intégration progressive des méthodologies agiles, de l’intelligence artificielle et des équipes distribuées redéfinit les compétences requises, démontrant la capacité d’adaptation du standard initial.

La mondialisation croissante renforce paradoxalement la valeur du standard PMP®. Plus les équipes deviennent internationales et virtuelles, plus un langage méthodologique commun devient crucial pour l’efficacité collective.

Une invitation au dialogue :

Votre organisation valorise-t-elle l’histoire et l’évolution continue des standards professionnels ? Comment intégrez-vous les leçons du passé dans votre stratégie de développement des compétences ?

Vérifier votre admissibilité à la certification PMP®

Prêt à passer à l'action ?!

  1. Project Management Certification – History of Development, PMI, premier examen octobre 1984
  2. Project Management Institute Wikipedia, 217 pays et territoires
  3. Project Management Certification Committee Report, PMI, décembre 1983
  4. How Hard is the PMP Exam, The Knowledge Academy, 2025
  5. PMI Founders, Three Threes Restaurant Philadelphie
  6. PMI History, discussions Snyder-Davis
  7. PMI Twenty Five Years, tempête empêchant départ aéroport
  8. A History of PMI, ProjectManager.com, industries années 1960
  9. PMI Founders, première réunion 9 octobre 1969
  10. PMI History, 80 personnes au dîner inaugural
  11. PMI Founders, cinq signataires articles incorporation
  12. PMI Twenty Five Years, table cuisine Snyder
  13. PMI Founders, Eric Jenett premier PMP
  14. A History of PMI, Jenett président 1971
  15. PMI Founders, Davis partenariats académiques
  16. PMI History, citation Gordon Davis
  17. The Knowledge Academy PMI History, lettres Engman 1968
  18. Easy Project PMI History, rôles Susan Gallagher
  19. Did You Know History of PMI, objectifs 1975
  20. Project Management Certification Development, suggestion Parry 1981
  21. Project Management Certification Committee, 86% favorables
  22. PMJ mars 1984, trois domaines certification
  23. Project Management Certification, 56 candidats premier examen
  24. Project Management Certification, 43 réussites
  25. Red Learning PMP History, Jenett certificat #1
  26. The Knowledge Academy PMP Credential, PMBOK 1987
  27. Edward Designer PMBOK History, première édition 1996
  28. PMBOK History, deuxième édition 2000
  29. PMBOK History, troisième édition 2004
  30. PMBOK History, cinquième édition 2012
  31. PMI SF Bay Chapter, statistiques 1989
  32. PMI Wikipedia, un million détenteurs 2020
  33. PMI SF Bay Chapter, statistiques 2022
  34. PMI Wikipedia, présence globale
  35. PM Study Circle, taux échec 40-50%
  36. PMI Salary Survey, différentiel salarial
  37. PM Study Circle, score passage 61% jusqu’en 2005
  38. PM Study Circle, analyse psychométrique
  39. Red Learning, révision 2003 Agile
  40. PMI Exam Content Outline 2021
  41. PMI Pulse of Profession 2024
  42. The Knowledge Academy, chronologie 1968-1984
  43. PMI Talent Gap Report
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